A l'opposé de tous ces courants de pensée, le Dieu de la Bible se présente comme non soumis au temps, maître du temps. Contrairement aux dieux grecs ou orientaux, il peut nous sauver de la mort. Elle n'est pas notre destinée finale, même si elle reste un passage obligé. En effet, il a prouvé que la mort n'était qu'un passage et qu'elle pouvait ouvrir à un bonheur désiré, lorsque Jésus est ressuscité. Il a vécu encore plusieurs jours avec ceux et celles qui l'avaient cotoyé, et il est toujours vivant aujourd'hui. Par lui, la mort a été vaincue et n'est donc plus un destin funeste pour celui qui place sa confiance en Jésus.
Dieu veut et peut nous délivrer de cette peur viscérale qui nous contrôle malgré nous. L'accomplissement de la vie n'est pas réduit à l'ici-bas. Les choix de notre vie ne sont pas à penser en fonction du temps qui nous reste pour "profiter" de la vie, mais bien plutôt en fonction de Celui qui est au-dessus de tout et qui peut non seulement donner un sens (à la fois signification et direction) à notre ici et maintenant, mais aussi l'espérance d'une vie en plénitude qui ne finira pas.
La mort n'est qu'un passage parce que c'est une anomalie : l'envie de vivre, chevillée au plus profond de nous, n'est pas anormale. Elle vient de Dieu, nous dit la Bible. Dieu est un Dieu de vie et d'amour. Il nous a fait pour la vie, la joie, la créativité, la spontanéité. La maladie, la souffrance, les injustices sont des erreurs survenues dans le monde à cause de l'orgueil de l'homme, que la Bible appelle "péché" et qui le pousse effrontément à vouloir être son propre dieu.
Dans ce que la Bible appelle sa souveraineté, Dieu propose à tout homme un chemin de vie ici bas et au-delà de la mort. Cela revient-il à dire qu'il a établi un destin pour chacun ? Non, car s'il est tout-puissant, dans son amour il se limite lui-même pour donner la liberté à l'homme. Dieu a une volonté suprême et souveraine sur tout, mais il nous a donné aussi un libre-arbitre. Par nos propres choix, nous pouvons à tout moment choisir de faire la volonté de Dieu (« voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres » a dit Jésus ), ou choisir d'aller contre cette volonté.
Mais le corollaire de cet acte d'amour, de cette liberté que Dieu nous donne, c'est que chacun(e) d'entre nous est pleinement responsable de ses actes et de ses paroles. C'est-à-dire que nous devons assumer les conséquences heureuses ou (trop souvent) malheureuses de nos comportements et de nos choix ! Les événements surviennent, mais nous sommes pleinement responsables de nos réactions à ces événements. Voulons-nous porter les conséquences de nos attitudes ? Car derrière la question du destin, c'est cette responsabilité-là qui est en jeu. Parfois, en faisant appel au "destin", ne cherchons-nous pas en réalité à fuir nos responsabilités ?
Dans un certain sens, il existe cependant un destin pour le chrétien. En effet, à celui qui place sa confiance en Dieu au travers de Jésus-Christ, Dieu promet un avenir où il pourra s'épanouir en fonction de qui il est. Cette personne entre en relation d'amitié avec Dieu dès maintenant et peut avoir la certitude qu'elle jouira de la plénitude de cette relation dans le face à face avec Dieu au delà de la mort. Mais à celui qui tourne le dos à Dieu, alors un monde sans l'amour de Dieu l'attend : ayant fait lui-même le choix d'une vie sans Dieu ici-bas (alors que la présence de Dieu est là), c'est donc sans Dieu qu'il passera l'éternité (où seul le mal sera présent). « J'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité » dit Dieu (livre du Deutéronome -Ancien Testament- ch. 30 v. 19).
La mort, passage pour tous, est en fait une porte ouverte sur deux destinations possibles. Tout n'est pas dicté d'avance : ce choix-là m'incombe...