LE DESTIN EXISTE-T-IL?

 

 
Le destin existe-t-il ? Notre destinée est-elle écrite quelque part ?
 

Suis-je maître de ma vie ou est-elle prévue d'avance ? Par qui, par quoi, comment ? Puis-je connaître l'avenir ? Examen de différents points de vue sur la question...

          

 

Destin et liberté

 

La notion de destin taraude tous les esprits, un jour ou l'autre. Que l'on dise : "venez découvrir votre avenir" et tout le monde se passionne. Mais s'il y a destin, cela signifie que des événements ne manqueront pas d'arriver, quoi que nous fassions. Cela veut dire que notre pouvoir d'action sur notre propre vie est limité, que nous sommes impuissants face à certains événements ! Où donc est notre liberté ? Suis-je maître ou non de mes choix de vie ?

Ces questions importantes ont une infinité de conséquences dans notre vie de tous les jours. Chacun(e) d'entre nous vit selon ce qu'il croit. Notre conception de la vie sous-tend nos choix et nos comportements. C'est pourquoi, de tous temps, les philosophes ont essayé de répondre à la question du destin.

De façon sûre, il y a un événement dont nous ne pouvons empêcher l'arrivée. C'est un événement universel, auquel nous sommes tous destinés : la mort. Personne ne peut y échapper. Dès notre naissance, le destin fatal se met en marche et nous achemine vers l'instant inéluctable. Biologiquement, nous le savons maintenant, nos cellules sont programmées pour mourir. Dès notre conception, le compte à rebours commence !

La mort : événement fondamental de notre vie, qui va orienter tous nos choix et nos croyances. Ce destin funeste pèse sur nous et fait naître en nous la peur. C'est une peur diffuse, pas forcément consciente, mais qui constitue le fond affectif de notre être. Que survienne un danger et c'est elle qui nous gouverne. Un rien et l'on se sent exposé, en péril, insécurisé. Notre liberté est une liberté de "mortel" : quelle vie vais-je choisir, sachant qu'elle est marquée par la finitude ? C'est sur cette problématique de la mort que s'articulent toutes les conceptions du destin.

 

Différentes conceptions du destin

 

Pour les Stoïciens de l'Antiquité, le destin qui nous conduit à la mort dicte sa volonté à tous, dans les moindres détails des vies. L'être humain ne peut rien sur les événements, même petits. Nous sommes comme programmés pour une certaine vie, selon une certaine personnalité, en une certaine époque et culture, et les grands événements ne sont que la résultante d'une accumulation d'événements plus petits. Dans cette conception, la liberté de l'homme n'existe pas. Sa responsabilité non plus : quoi qu'il fasse, cela lui est dicté. Dans cette conception aussi, le passé et le présent se confondent en une courbe. Cela s'apparente beaucoup au fatalisme de certains peuples orientaux (Hindous en particulier) : celui qui considère sa condition comme un destin ne fait rien pour la changer. Il attend la mort.

Dans certains courants de philosophie grecque, le destin est un ordre intemporel, impersonnel, une loi des événements, au-dessus de tout, sur lequel même les dieux ne peuvent agir. Tout espoir de lui échapper est vain. La conception grecque de la vie est un drame : la mort attend chaque être humain. Nulle puissance ne peut nous en sauver. Mais, contrairement à la conception stoïcienne, le destin funeste est un cadre à l'intérieur duquel une certaine "liberté" est possible pour l'homme et les dieux. Cette liberté est celle de pouvoir influer sur le moment d'apparition des événements et, dans une certaine mesure, sur leurs conséquences (plus ou mois dramatiques). Le destin ne contrôle pas tous les moments du temps, ni tout son contenu, mais à la longue il l'emporte toujours.

D'où cette quête permanente de l'homme : vouloir connaître son destin, son avenir, afin de s'y préparer et d'utiliser au mieux le peu de liberté octroyée pour choisir l'attitude à adopter. D'où aussi ce fol espoir que tous les courants ésotériques caressent : vouloir échapper à son destin, en être enfin affranchi et pouvoir choisir soi-même sa propre destinée, c'est-à-dire être immortel. Cette recherche insensée, les Grecs l'appellent l'orgueil démesuré de l'homme, qui refuse sa condition de créature. Car l'on ne saurait braver le destin sans s'en mordre les doigts : certains héros mythiques, pour l'avoir tenté, ont connu ruine, douleur, bannissement ou mort atroce.

Pour Héraclite, même les dieux sont un jour mortels. La mort est donc la seule destinée qui guide l'univers entier. Le fond des choses est une sorte de puissance absolue, impersonnelle, s'auto-régulant : le non-être. Ce non-être est la Loi qui régit la nature. Il est symbolisé par le feu. Tout vient de lui et tout retourne à lui. Le destin de tout homme est de le rejoindre : devenir partie du non-être. La question du choix de vie est donc dérisoire : n'importe quoi équivaut à n'importe quoi. Seul compte le non-être. Ici, nous retrouvons en grande partie les pensées bouddhistes.

 

Conception biblique du destin

A l'opposé de tous ces courants de pensée, le Dieu de la Bible se présente comme non soumis au temps, maître du temps. Contrairement aux dieux grecs ou orientaux, il peut nous sauver de la mort. Elle n'est pas notre destinée finale, même si elle reste un passage obligé. En effet, il a prouvé que la mort n'était qu'un passage et qu'elle pouvait ouvrir à un bonheur désiré, lorsque Jésus est ressuscité. Il a vécu encore plusieurs jours avec ceux et celles qui l'avaient cotoyé, et il est toujours vivant aujourd'hui. Par lui, la mort a été vaincue et n'est donc plus un destin funeste pour celui qui place sa confiance en Jésus.

Dieu veut et peut nous délivrer de cette peur viscérale qui nous contrôle malgré nous. L'accomplissement de la vie n'est pas réduit à l'ici-bas. Les choix de notre vie ne sont pas à penser en fonction du temps qui nous reste pour "profiter" de la vie, mais bien plutôt en fonction de Celui qui est au-dessus de tout et qui peut non seulement donner un sens (à la fois signification et direction) à notre ici et maintenant, mais aussi l'espérance d'une vie en plénitude qui ne finira pas.

 

La mort n'est qu'un passage parce que c'est une anomalie : l'envie de vivre, chevillée au plus profond de nous, n'est pas anormale. Elle vient de Dieu, nous dit la Bible. Dieu est un Dieu de vie et d'amour. Il nous a fait pour la vie, la joie, la créativité, la spontanéité. La maladie, la souffrance, les injustices sont des erreurs survenues dans le monde à cause de l'orgueil de l'homme, que la Bible appelle "péché" et qui le pousse effrontément à vouloir être son propre dieu.

 

Dans ce que la Bible appelle sa souveraineté, Dieu propose à tout homme un chemin de vie ici bas et au-delà de la mort. Cela revient-il à dire qu'il a établi un destin pour chacun ? Non, car s'il est tout-puissant, dans son amour il se limite lui-même pour donner la liberté à l'homme. Dieu a une volonté suprême et souveraine sur tout, mais il nous a donné aussi un libre-arbitre. Par nos propres choix, nous pouvons à tout moment choisir de faire la volonté de Dieu (« voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres » a dit Jésus ), ou choisir d'aller contre cette volonté.

 

Mais le corollaire de cet acte d'amour, de cette liberté que Dieu nous donne, c'est que chacun(e) d'entre nous est pleinement responsable de ses actes et de ses paroles. C'est-à-dire que nous devons assumer les conséquences heureuses ou (trop souvent) malheureuses de nos comportements et de nos choix ! Les événements surviennent, mais nous sommes pleinement responsables de nos réactions à ces événements. Voulons-nous porter les conséquences de nos attitudes ? Car derrière la question du destin, c'est cette responsabilité-là qui est en jeu. Parfois, en faisant appel au "destin", ne cherchons-nous pas en réalité à fuir nos responsabilités ?

 

Dans un certain sens, il existe cependant un destin pour le chrétien. En effet, à celui qui place sa confiance en Dieu au travers de Jésus-Christ, Dieu promet un avenir où il pourra s'épanouir en fonction de qui il est. Cette personne entre en relation d'amitié avec Dieu dès maintenant et peut avoir la certitude qu'elle jouira de la plénitude de cette relation dans le face à face avec Dieu au delà de la mort. Mais à celui qui tourne le dos à Dieu, alors un monde sans l'amour de Dieu l'attend : ayant fait lui-même le choix d'une vie sans Dieu ici-bas (alors que la présence de Dieu est là), c'est donc sans Dieu qu'il passera l'éternité (où seul le mal sera présent). « J'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité » dit Dieu (livre du Deutéronome -Ancien Testament- ch. 30 v. 19).

 
La mort, passage pour tous, est en fait une porte ouverte sur deux destinations possibles. Tout n'est pas dicté d'avance : ce choix-là m'incombe...


07/04/2008
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